C'EST TOI.
Ce corps ensorcelé dans son aura spectrale,
Cette peau dévorée à l'égal d'un festin,
Ces parfums de plaisir éclatés au matin,
C'est toi : ma délirance au blanc d'une île australe.
Ces lèvres où je bois à ta source lustrale,
Ces filets de moiteur coulés dans ton satin,
Ces ruisselets de sel qui scellent mon destin,
C'est toi : ma fin du monde et ma demeure astrale.
Ces chairs que je remoule et roule entre mes mains
Ces contours au compas soulignés de carmins,
Ces caresses pleurant sur les larmes futures,
Ces souvenirs tremblés que le temps cassera,
Ces chagrins à venir aux fatales ruptures,
C'est toi : mon chant d'amour, mon sublime opéra.
Yves-Fred
(Poème inspiré par une silhouette féminine
tracée à la plume sur un vélin)
Femme à la plume
femme en contours
en noir et blanc
coeur de papier
corps en épures
et sans visage
juste habillé
d'un impudique trait de plume.
Femme au fusain
femme en contrastes
en noir et gris
coeur de charbon
corps en ombrures
gonflé d'orage
juste vêtu
d'un indiscret coup de fusain.
Femme à la nuit
femme en passage
en rose et noir
coeur de chagrin
corps en brisures
et sans ancrage
juste voilé
d'un délicieux instant de rêve.
Yves-Fred
I LOVE YOU.
Love, I love you,
et comme un serpent je me love
autour de toi, de ton corps bleu
aux reflets mauves,
de tes auras
aux mille flammes
qui farandolent entre nous,
lèchent nos coeurs,
brûlent nos vies,
nous électrisent,
nous érotisent
et nous attisent
pour que chaque caresse innove
et nous rénove
comme ce monde
qui s'apeurise,
se frilorise,
s'égocentrise
et s'éternise dans la haine
qui nous enchaîne
et se déchaîne
dans un rugissement de fauve
à l'heure de l'apocalypse,
à l'instant où l'amour s'éclipse
et qu'un trou noir nous engloutit
et nous avale
comme j'avale
tes yeux, ton corps
et tes auras,
tes reflets mauves,
tes mille flammes :
je t'aime, t'aime, I love you.
Yves-Fred
Je garde en mes secrets le premier soir de vous.
L'arc-en-ciel en écharpe enrubannait la brune,
Habillait de couleurs les auras de la lune,
Se jouait de lumière avec vos cheveux fous.
Le sel de votre peau sur mes lèvres dissous
Assoiffait mon désir en la nuit opportune ;
Vous étiez pour mon cœur l'inaccessible dune
Que la vague en folie attaque par dessous.
Mes mains sur votre corps dessinaient mille rêves,
Les amants de pénombre ont des amours si brèves !
J'aurais voulu mourir au sommet du plaisir
Car je savais trop bien qu'au retour de l'aurore
Mes bras de votre chair devraient se dessaisir.
Tous ces matins sans vous quand l'ennui me dévore !
Je garde en mes chagrins le dernier soir de vous.
Mon cœur est déchiré ; grande est mon infortune
Et je m’en vais là-bas pleurer sur la lagune
Pour prendre avec la mort un joyeux rendez-vous.
De la vague à présent les flancs me semblent doux.
Je veux me perdre en eux, sans regrets, sans rancune,
Et me laisser porter comme le fit Neptune
Vers les bleus déchaînés de la mer en courroux.
Yves-Fred
Cette nana que j'ai croisée
Au dernier soir de ma jeunesse
Passa comme l'ombre brisée
D'une chimérique promesse.
Elle arrivait des jours d'antan,
Peut-être bien de chez Ronsard ;
Elle sentait l'amour d'avant,
D'avant qu'on le livre au hasard.
Quand elle surgit devant moi
Dans sa superbe indifférence,
Je fus frappé jusqu'à l'effroi
Par sa sublime transparence
II
Cette nana que j'ai ratée
Au dernier bond de ma jeunesse
Passa comme l'ombre portée
D'une inaccessible maîtresse.
Elle arrivait du fond des nuits,
Peut-être bien de chez Musset ;
Elle avait le parfum des fruits
Qui ont mûri près d'un bosquet
Quand elle transperça mon coeur
Pour mieux s'emparer de mon âme,
Je remarquai son air moqueur
Qui ridiculisait ma flamme.
III
Cette nana que j'ai brûlée
Au dernier feu de ma jeunesse
Passa comme l'ombre moulée
D'une fugitive princesse.
Elle arrivait droit de l'enfer,
Peut-être bien de chez Rimbaud ;
Elle avait l'odeur de l'hiver
Et la blancheur de mon tombeau.
Quand elle s'enfuit de mes yeux
Dans un jeu d'ombre et de lumière,
Elle se fondit dans les cieux
Dont elle resta prisonnière.
Yves-Fred
S E X O P L A S M E S.
Femmes-visions,
Femmes-miroirs.
Fantômes endrapés dans mes nuits désertiques,
désirs que je pétris dans l'argile des fantasmes
et que je voudrais cuire au feu des amours folles,
flammèches échappées du creuset des attentes
que le matin naissant réduit en cendres froides.
Femmes-ombrures,
Femmes-chagrins.
Parfums évaporés au vent des solitudes,
râles ensevelis au tombeau des chimères,
carmins à libérer des ombres arrogantes,
formes que je volute au compas des mystères.
Femmes-tiroirs,
Femmes-secrets.
Feux follets crépitant aux morsures de la lune,
spectres insaisissables aux amants ordinaires,
sexoplasmes glissant sur la moiteur des rêves.
Yves-Fred